Alard.
réputation s'établit bien vite, et ils eurent l'honneur, la meme annee, de jouer devant Louis XIV, qui goûta fort leur talent et les autorisa à continuer leurs représentations à la foire Saint­Germain dc 1679, a ^a condition toutefois de n'y mêler ni chants, ni danses, restriction qui prouve que déjà l'Académie royale de musique s'inquiétait de leurs succès et songeait à revendiquer ses droits. On ne saurair affirmer d'une manière positive que les Alard parurent sans interruption à toutes les foires suivantes, mais il est certain qu'à partir de l'année 1697 leur théâtre s'ou­vrit régulièrement à la foire Saint-Germain et à la foire Saint-Laurent. En 1700, les deux frères s'associèrent à la veuve d'un de leurs anciens élèves, devenu comme eux entrepreneur de spec­tacles et nommé Maurice von der Beck. Cette association dura jusqu'en 1706. De 1707 à 1710, les frères Alard exploitèrent seuls les foires et traversèrent, sans être trop inquiétés, cette pé­riode pendant laquelle les autres troupes foraines furent si vive­ment poursuivies par la Comédie-Française. En iV-1, ils s'asso­cièrent avec un acteur de leur théâtre, nommé Philippe Lalauze, ct firent représenter entre autres pièces Jupiter curieux imperti­nent, divertissement cn trois actes, précédé d'un prologue, et les Amours de Vénus et dc Mars, divertissement cn un acte, précédé des Fc7cs bachiques et suivi d'une Fête de paysans. Cette même année 1711 fut la dernière de la vie de Charles Alard, qui périt des suites d'une chute qu'il fit sur son théâtre pendant le cours de Ia foire Saint-Laurent. Ce comédien, que les écrits du temps nous représentent comme grand, bien fait, probe et de bonne conduite, laissa cn mourant à sa femme, la veuve d'un sauteur de sa troupe, nommé Benville, une assez grande fortune. Resté seul, Pierre Alard n'abandonna pas le théâtre, car, en 171 S, nous le rencontrons à la foire Saint-Germain, dirigeant le spectacle de Gauthier de Saint-Edme, ct en 1719, quand tous les spectacles fo­rains eurent été momentanément supprimés, il se mit à la tête d'une troupe de danseurs de corde appelée la Grande troupe allemande, anglaise et écossaise, et dans laquelle se trouvaient de véritables